Il aura fallu plus d'un heure pour que 15 experts techniciens spécialisés extraient d'un emballage à triple protection dans une caisse imperméabilisée et ignifugée le tableau, une huile sur bois de 2,17 m sur 98 cm, pour le suspendre au mur du Musée national de Tokyo. Avant d'y apposer une protection en verre, un expert de la Galerie des Offices de Florence, son lieu d'origine, a délicatement dépoussiéré le tableau pour éliminer les éventuelles particules qui auraient pu s'accumuler lors du périple par la mer et les airs. Des officiels italiens et japonais ont ensuite applaudi à la fin de la délicate opération. "Je suis extrêmement impressionné par les mesures de sécurité. Le voyage s'est déroulé sans le moindre heurt. Le déplacement a été excellent, excellent", s'est félicité l'ambassadeur d'Italie au Japon, Mario Bova. "Je suis très touché de voir cette oeuvre d'art, tellement majeure pour la culture mondiale et la culture italienne, faire tout ce chemin pour le public japonais", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le transfert du tableau, parti lundi de Florence, a suscité l'opposition des milieux culturels italiens, y compris du directeur de la Galerie des Offices, Antonio Natali, qui estimait l'oeuvre trop fragile pour voyager en avion. C'est le ministre italien de la Culture Francesco Rutelli (centre-gauche) qui a eu le dernier mot pour autoriser le départ de l'oeuvre, malgré l'appel d'une centaine d'intellectuels opposés à ce prêt, dont le cinéaste Franco Zeffirelli. Le tableau sera exposé à Tokyo du 20 mars au 17 juin, dans le cadre d'un grand festival culturel, le "Printemps italien". Le musée national de Tokyo a précisé avoir pris les précautions d'usage pour protéger l'oeuvre des tremblements de terre, très fréquents dans la capitale nippone. Le tableau a été assuré pour 100 millions d'euros.