"Peindre est le plus bel acte solitaire qui soit",
explique celui qui fut peintre avant d'être cinéaste et de tourner Elephant Man, Blue Velvet, Mulholland Drive, ou Inland Empire plus récemment. Lynch, 61 ans, a lui-même créé la scénographie de l'exposition, de la moquette aux grands portants sur lesquels sont tendues les toiles dans les salles de la Fondation conçue par Jean Nouvel, toute de verre et d'acier. Jusqu'à la bande son, au ton mystérieux et sombre, qui évolue si l'on appuie sur l'une des sept bornes sonores installées au milieu des oeuvres. Dans ce monde très intériorisé rôdent des doubles --une série de toiles à dominante grise figurent un "Bob" dans lequel David Lynch reconnaît "pouvoir s'identifier". La violence fait irruption dans la grande toile "Do you really want to know what I think?" (Tu veux vraiment savoir ce que je pense?, 2003) figurant un homme qui brandit un couteau en direction d'une femme assise sur un sofa, culotte baissée et jambes écartées, et qui répond, dans une bulle de bande dessinée: "Non". "Il y a de la violence mais en même temps de l'humour", souligne Hélène Kelmachter, conservateur de la fondation. "Et aussi la réinvention d'un monde à partir du côté organique --certaines toiles portent des mouches et de la viande séchée-- c'est un mot qui revient régulièrement quand il parle de sa peinture", relève-t-elle.
L'exposition "The Air is on Fire", a lieu du 3 mars au 27 mai à la Fondation Cartier pour l'art contemporain, 261, boulevard Raspail, 75014.
Une série de photos de "nus déformés" est réalisée à partir d'anciennes photographies érotiques. Invité à donner une explication sur cet amour de la métamorphose qui traverse l'ensemble de son oeuvre, Mr Lynch répond sobrement: "Je ne sais pas".